Selon Joseph Guislain, le premier psychiatre à être reconnu dans les Pays-Bas méridionaux, les maladies psychiatriques ont principalement des causes mentales. À Gand il a été aussi le premier à appliquer aux patients psychiatriques une thérapie fondée sur des arguments scientifiques et a plaidé pour un traitement plus humain .
Melancholie Guislain
Joseph Guislain était un adepte de la thérapie morale lorsque l’on a nommé en 1828 médecin en chef des hospices pour aliénés gantois, une nomination qui, de la sorte, faisait de lui le premier psychiatre reconnu des Pays-Bas méridionaux. Des passions violentes, comme l’amour, l’ardeur , l’ambition, la tristesse, l’abattement, la peur, le désespoir et la colère étaient, aux yeux de Guislain, tellement troublantes que le système nerveux devient moralement hypersensible. Pour lui, la maladie mentale est donc avant tout un trouble émotionnel ; un changement dans la sensibilité du cerveau, fait en sorte que tous les stimuli soient perçus autrement et ressentis comme douloureux.
Les causes morales sont pour Guislain les plus essentielles, bien que, dans certains cas, un dérangement organique puisse aussi être à la base de la maladie psychique. Alcoolisme, typhus, choléra, allaitement, grand âge, les fondements de la maladie mentale sont innombrables. En 1835, Guislain estimait que, dans neuf cas sur dix, la folie avait une cause morale. En 1852, il parlait plutôt de deux tiers, ce en quoi il personnifiait l’évolution de la psychiatrie à son époque. Dans la seconde moitié duXIXe siècle, ces théories organiques sur les causes de la maladie mentale allaient en effet chasser pour une bonne partie les conceptions morales.
L’importance du docteur Guislain pour la psychiatrie est triple :
- en tant que médecin en chef des hospices pour aliénés gantois, il était le premier à leur offrir une thérapie fondée sur la science ;
- comme professeur à l’université l’Université de Gand, il enseignait et publiait sur la folie ;
- comme défenseur d’ un traitement plus humain des malades mentaux, il a dénoncé divers abus et a rédigé une législation qui améliorerait l’accueil et le sort de ces patients bien au-delà de Gand.